Association pour la découverte et la promotion du patrimoine de St Pierre

« La voie de l’homme libre »  Guy Le Coniac de la Longrays (Kerhostin)

Extrait de l'article
Guy Le Coniac de La Longrays né en 1919 avait une maison à Kerhostin, il était discret sur sa vie de militaire mais le récit que sa fille Armelle a partagé avec nous montre un homme hors du commun.
Participants à la rédaction de cet article
Evocation des aventures de Guy Le Coniac de la Longrays, sur la base du récit qu’il a écrit pour sa famille , confié par sa fille Armelle, des précisions qu’elle a ajoutées et des élèments relevés sur le site des Compagnons de la Libération, photos prêtées par sa fille.
Entretien avec Armelle et rédaction de l’article par Françoise Pichon
Copie des images et textes
interdite sans l'autorisation de KER1856
Extrait de l'article
Guy Le Coniac de La Longrays né en 1919 avait une maison à Kerhostin, il était discret sur sa vie de militaire mais le récit que sa fille Armelle a partagé avec nous montre un homme hors du commun.
Participants à la rédaction de cet article
Evocation des aventures de Guy Le Coniac de la Longrays, sur la base du récit qu’il a écrit pour sa famille , confié par sa fille Armelle, des précisions qu’elle a ajoutées et des élèments relevés sur le site des Compagnons de la Libération, photos prêtées par sa fille.
Entretien avec Armelle et rédaction de l’article par Françoise Pichon
Copie des images et textes
interdite sans l'autorisation de KER1856

Un voisin aimable

C’était un voisin aimable qui faisait de fréquents séjours  dans sa maison , près du sentier côtier, avec une vue magnifique sur la baie. Il était plus âgé que nous, mais nous avions des conversations agréables et gaies et des centres d’intérêt communs. Je me souviens en particulier de son goût pour la peinture et de la grande huile de Laporte qui ornait son salon. Il aimait la mer et naviguait sur son trimaran ancré à quelques encablures de sa maison. Une citation de Charles Baudelaire, qu’il avait placée au-dessus de son bureau, en atteste : «  Homme libre, toujours tu chériras la mer. »

 Comme il préférait voguer en compagnie, plusieurs fois nous l’avons accompagné dans quelques excursions qui me l’ont aussi fait connaître un peu mieux : exigeant sur les principes et les méthodes , téméraire à l’occasion mais aussi attentif à ses invités et très convivial.

Il ne parlait pas spécialement de sa carrière,  ni de la guerre.  A l’occasion il a évoqué sa remontée de la France avec son régiment, depuis la  Provence jusqu’en Alsace, d’août 1944 à mai 1945, ou les joies de la Libération lorsqu’il a rencontré son épouse, ou bien ses séjours en Afrique et, bien entendu, son commandement au 3ème R.I.M.A à Vannes. Parfois il disait ne pas souhaiter être le dernier Compagnon de la Libération à disparaître pour ne pas être enterré aux Invalides ; en  effet, il préférait reposer près de la mer, à Saint-Pierre. Mais rien dans son comportement ne laissait paraître qu’il avait vécu des aventures peu communes. 

Le récit de Guy Le Coniac pour ses enfants et petits-enfants

Ce n’est qu’en 1977 qu’il a écrit, pour ses enfants et petits-enfants, le récit de son évasion d’un camp de prisonniers en août 1940 et du périple quasi rocambolesque qu’il a accompli pour rejoindre les Forces Françaises Libres. Sa fille Armelle a bien voulu me confier ce récit .

Parcourons cette histoire personnelle qui, à de nombreuses occasions, a participé de l’Histoire.

Guy Le CONIAC de La LONGRAYS est né le 23 octobre 1919 à Brest. Son père était officier des Troupes Coloniales. Il fait ses études chez les Jésuites, à Vannes. Il prépare l’entrée à Saint-Cyr lorsque la guerre est déclarée et fait alors le choix de s’engager. Admis à Saint Maixent, il en sort aspirant en mai 1940. Affecté au 12ème régiment de Tirailleurs Sénégalais, il est fait prisonnier le 19 juin 1940. Ce début de combat est plutôt décevant et il lui paraît très vite évident qu’il doit s’évader, pour rejoindre les Forces Française Libres, dont il a entendu parler par les prisonniers requis en corvées et donc un peu en contact avec l’extérieur. Il lui faut s’évader avant d’être, avec ses camarades, transféré en Allemagne. Il décide de gagner la zone  libre pour rejoindre sinon l’Angleterre du moins un pays allié. Déserter est un choix contraire aux principes selon lesquels il a été éduqué, mais ses réflexions l’amènent à penser que les vrais déserteurs  sont ceux qui refusent de continuer le combat par tous les moyens à leur disposition ; il doit  s’évader puis « déserter » pour rejoindre le Général de Gaulle et les Forces Française Libres.

Il s’évade  avec un copain à l’occasion d’une corvée à l’extérieur, dans une ferme ; ils se cachent et les fermiers leur passent des vêtements civils. Il rejoint, sans difficultés insurmontables compte tenu de sa détermination, la zone libre. Les troupes coloniales cherchent des volontaires pour l’Indochine. Il embarque à Marseille le 4 mai 1941 sur un cargo mixte, le Cap Tourane, avec environ 300 militaires et quelques civils. Trente-deux ans plus tard, il trouvera un des membres de l’équipage, Maurice Guyonvarch’, à Kerhostin où il vient de construire sa maison !

 Après un long voyage sans histoire autour de l’Afrique, il espère être accueilli par les Hollandais dans le détroit de la Sonde ; déception, rien ne se passe. Le bateau arrive à Saïgon et, hasard bienheureux, s’amarre près d’un navire britannique, le Chun Chi de Hong Kong. Notre aspirant déserteur étudie les moyens de monter discrètement sur ce navire, trouve une cachette éventuelle, prévient trois camarades de son intention, afin qu’ils dissimulent son absence quelques heures et passe à l’action, en montant de nuit, en cachette, sur le Chun Chi, où il se dissimule dans le local contenant les drapeaux à signaux, dans la tourelle en haut.

Son père, avec  qui il avait vécu dans son enfance à Saïgon, lui avait expliqué le principe du bateau pilote : un bateau pilote accompagne toujours un navire battant pavillon étranger jusqu’à la limite des eaux territoriales. Il attend donc sous sa bâche, en plein soleil, que le Chun Chi ne soit plus accompagné du bateau pilote. Le danger d’être livré au bateau pilote écarté, le jeune aspirant se présente au capitaine qui l’accueille chaleureusement et sans surprise, son embarquement n’étant pas passé totalement inaperçu. A Hong Kong les services secrets britanniques le confient au Comité de la France Libre qui reçoit son engagement dans les Forces Françaises Libres le 31 juillet 1941. A l’issue d’un voyage long et varié, train, bateau, avion, il gagne Beyrouth où le général de LARMINAT l’affecte le 1er novembre 1941 au Bataillon de Marche n°11 (BM11), faisant partie de la 1ère Division Française Libre.

Guy LE CONIAC a écrit ce récit pour ses enfants et petits-enfants, afin qu’ils connaissent  les leçons qu’il a tirées de ces aventures. Il leur a donné des conseils simples et clairs : «  Il convient de savoir non pas ce que tu veux faire dans la vie, mais ce que tu veux faire de ta vie », « Il faut vouloir, puis agir ». Il raconte que certains ont  pu lui dire, lui reprocher : « En somme vous avez déserté » sans qu’il juge utile de leur répliquer. En effet «  Nous sommes tous différents, encore faut-il savoir pourquoi. Et surtout, pas de complexes : ton opinion vaut celle de l’autre, que tu dois respecter pourtant. » Belles maximes qui demandent de la volonté et du courage. 

C’est dans les comptes rendus officiels et non dans son récit personnel que l’on trouve trace de ses faits de bravoure.  Il fait avec le BM11 les campagnes de Libye, Egypte, Tripolitaine ; il est promu lieutenant en mars 1943. En Libye, il fut marqué à vie par la perte de nombre de ses hommes dont les jeeps avaient roulé sur des mines.

   Il prend part en 1944 à la campagne  d’ Italie, où il se distingue à l’attaque de Chiaia  en maintenant le moral de sa section malgré de lourdes pertes, puis au débarquement de Provence. Il participe aux combats de libération du territoire à Toulon,  Belfort, et en Alsace où il se distingue à nouveau particulièrement , au début du mois de Janvier 1945 à Sand où il est blessé, mais s’occupe malgré tout en priorité de blessés plus grièvement atteints.

Après la guerre

Il termine la guerre en mai 1945 dans les Alpes.

Guy Le Coniac dans les Alpes en 1945

Il part ensuite pour l’Indochine où, promu capitaine, il commande une compagnie du 43ème Régiment d’Infanterie Coloniale.

Guy Le Coniac avec ses frères à Saïgon

 Il alternera ensuite les postes de terrain, notamment en Afrique et en Allemagne de 1963 à 1965, puis il prend le commandement du 3° RIMA à Vannes de 1965 à 1967, 

Son mariage au Soudan actuellement le Mali
Au Soudan
Sur un dromadaire au Soudan

Et il occupera des postes plus « administratifs » dans les services du Ministère, à l’Etat Major ou à l’ambassade de  France à Dakar. Nommé au grade de colonel en 1967,  il prend sa retraite de l’armée en 1972  et travaille dans le civil jusqu’en 1982.

dans son bureau à Colomb -Béchar

Il est décédé le 12 mars 2001 à Paris et est inhumé à Saint-Pierre, près de son épouse, disparue peu d’années avant lui.

 Guy Le Coniac de La Longrays a reçu les décorations suivantes :

Commandeur de la Légion d’Honneur, Compagnon de la Libération, Commandeur de l’Ordre du Mérite National, Croix de Guerre 39-45( 4 citations), Médaille de la Résistance, Médaille des Evadés, Médaille Coloniale, Silver Star, Officier de l’Etoile Noire du Bénin.



2 commentaires

  1. Passionnant cet article ! Quel destin! Un homme courageux et qui aimait laFrance et avait des valeurs patriotiques

  2. Petite précision : La citation : « Homme libre, toujours tu chériras la mer » est de Charles Baudelaire et non de Paul Eluard !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Pourquoi KER1856 ?

KER: un village , un lieu qui nous rassemble

1856 : création de la commune de Saint-Pierre

Le saviez vous ? le village de Saint-Pierre n’existe pas.