Association pour la découverte et la promotion du patrimoine de St Pierre

Il était une fois « Le Percho »

Extrait de l'article
Dominique Hillion nous fait découvrir l'histoire militaire de la pointe du Percho.
Participants à la rédaction de cet article
Article proposé par Dominique Hillion, ancien militaire, chercheur passionné par l’histoire de la presqu’île de Quiberon depuis plus de 35 ans. Il anime des ateliers à l’UTL de Quiberon sur l’histoire ancienne mais aussi sur l’actualité géopolitique.
Copie des images et textes
interdite sans l'autorisation de KER1856
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Dominique Hillion nous fait découvrir l'histoire militaire de la pointe du Percho.
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Article proposé par Dominique Hillion, ancien militaire, chercheur passionné par l’histoire de la presqu’île de Quiberon depuis plus de 35 ans. Il anime des ateliers à l’UTL de Quiberon sur l’histoire ancienne mais aussi sur l’actualité géopolitique.
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La Pointe du Percho : un site néolithique puis une batterie militaire

En empruntant le sentier côtier sur la ‘Grande Côte’, et après avoir dépassé la pointe de Beg en aud en se dirigeant vers le sud, les pas du promeneur le mènent à la pointe du Percho. Il est loin de se douter que ce site a une très longue histoire.
En effet, cette ruine qui se découpe sur la falaise exposée aux embruns a remplacé fort tardivement un site préhistorique. En se baissant et en scrutant attentivement le sol bouleversé par des travaux d’aménagement, on découvre de nombreux éclats de silex. Ce site fait partie des nombreux sites néolithiques de la presqu’île.

La Pointe du Percho, le rocher et la grotte du Lion

Plus près de nous, La présence ponctuelle de navires, voire de flottes anglaises,[1] mais aussi les visites régulières de pirates essentiellement des Provinces-Unies[2] , provoquèrent chez les Secrétaires d’Etat à la Marine de Louis XIV la décision de construire sur les côtes de l’Océan Atlantique et en particulier sur la presqu’île de Quiberon, des batteries côtières.

[1] « Descente » de la flotte anglaise de l’amiral LESTOCK en 1746

[2] Les ProvincesUnies, officiellement la république des sept ProvincesUnies des Pays-Bas.

Celle qui nous intéresse est celle qui a été construite sur la pointe du Percho et dont les traces sont encore visibles pour un œil averti, malgré les terrassements entrainés par la dernière construction.

Les restes de la batterie

Historique de la batterie de "Beg en Aud " située sur la Pointe du Percho

Commençons par un court historique de ce premier ouvrage militaire réalisé dans la seconde moitié du XVII° siècle, dont l’emplacement peut permettre de douter de son efficacité face à une côte encombrée de rochers et donc peu propice au débarquement.

Cet ouvrage n’est constitué que par un épaulement de grosses pierres taillées recouvert de terre et de gazon pour éviter les éclats de pierre provoqués par les tirs des assaillants. Dans cet épaulement sont ouvertes une ou deux embrasures pour y placer les canons. Ceux-ci sont servis par des hommes du pays, vraisemblablement ceux qui habitaient au plus près. 

Carte de la " batterie de Beg en Aud " connue sous le nom de " batterie du Percho "

1° décembre 1744, le comte de MAUREPAS accorde une première somme pour faire restaurer la batterie. (SHL – Série E)

En 1746, le comte de MAUREPAS demande d’effectuer des réparations sur la batterie. (SHL – Série E)

1771-1785 – Relevé par les services hydrographiques de la Marine, la batterie n’apparaît pas sur la carte.

Carte de 1795

Le 7 frimaire an IX (1801), un rapport du général du génie DAMBARÈRE fait l’état de l’armement des batteries et fortifications de la presqu’île de Quiberon. La batterie de « Beg N Aud » [NDLR : le général veut parler de la batterie du « Percho »] est équipée de 2 canons de 12 [3]  (ADM – RB-art.2780) 

1803 – La batterie est équipée de 2 bouches à feu servies par 10 hommes. (ADM-R-951)

2 septembre 1810 – Direction de Nantes – Batterie nouvellement établie – 2 pièces de 8 [4]. Cette batterie croise ses feux avec le fort Penthièvre [5]. Elle protège les deux petites anses de Runaron [6] et de Portivy. Approvisionnée en munitions par le fort. Il est nécessaire de construire un corps de garde pour 10 hommes et un magasin d’artillerie. Batterie de 2° catégorie.

En 1852, la batterie est abandonnée.

Le 7 juillet 1857, la batterie est remise à l’administration des Domaines pour être vendue. Un plan en est dressé par le capitaine du Génie de Vannes et signé par la Direction de Brest. Il n’y a pas de corps de garde. (ADM Q504-Boite 20 – cote provisoire)

En 1875, la batterie est mise en vente. (ADM – RB-art.2780)
La batterie d’une contenance de 1.480 m² est enclavée dans le n° 996 section B du cadastre appartenant à la commune de Saint-Pierre

[3]Le canon de 12 livres est une pièce d’artillerie tirant des boulets de 12 livres, utilisée au XVIII e et au XIX e siècle. 

[4] Le canon de 8 livres est une pièce d’artillerie tirant des boulets de 8 livres, utilisée au XVIII e et au XIX e siècle.  

[5] Construit après la « descente anglaise de 1746 »

[6] Actuellement Renaron

Le champ de tirs de Kergroix

Au début du XX° siècle, le champ de tirs de Kergroix est aménagé. Il doit permettre aux artilleurs de forteresse de venir s’entrainer sur des canons de gros calibres, montés sur wagons (plusieurs dizaines de tonnes).

Sur la photo ci dessous on peut voir les mâts des antennes radio qui ont remplacé les transmissions optiques (décrites plus bas dans cet article) 

1922 camp militaire de Kergroix-photo inédite à partir d'une plaque de verre

Ces canons tirent en mer, il faut donc pouvoir connaitre le lieu de l’impact de leurs obus dans une zone comprise entre la côte sud de l’île de Groix et la côte nord de de Belle-Île.

Canon de 32 au pas de tirs à Kergroix

La maison sur la pointe du Percho était un poste de transmission

Vraisemblablement vers 1904 un poste de transmissions est construit sur la pointe du Percho. 

Nous sommes bien loin d’un corps de garde ou d’une maison des douaniers évoqués par certains guides touristiques !

Ce poste est équipé en personnel par des sapeurs télégraphistes du 24ème bataillon du Génie du Mont-Valérien. Ceux-ci, d’après le texte d’une carte postale, sont logés dans un hôtel restaurant à Portivy. Ils sont en liaison par fil avec le champ de tir de Kergroix et reçoivent par télégraphie optique (quand il n’y a pas de soleil , on utilise l’acétylène) leurs missions de Port-Louis. Ils sont également en liaison avec le fort Taillefer à Belle-Île et le fort de Surville à Groix pour les comptes rendus de tirs. Ceci explique les fenêtres orientées.

Les fenêtres du poste étaient orientées pour les transmissions vers Belle-Ile et Groix  comme indiqué sur ce plan 

Plan du poste de transmission de la pointe du Percho

A l’arrivée de la TSF les moyens seront modernisés, et le poste perdra de son intérêt ; il continuera à être utilisé au moins jusqu’à la fin du premier conflit mondial et sera désaffecté. Une belle page de l’artillerie de gros calibres se tournait.

Appareil de 16 cms-rayons solaires pris comme foyer lumineux
Février 1917 : carte des liaisons optiques et TSF

La maison sur la pointe du Percho en 1922, devenue un site de promenade

Année 1922 photo inédite sur plaque de verre
Année 1922 photo de famille, inédite sur plaque de verre
la Pointe du Percho

Commentaires de KER1856

Selon Dominique Hillion, cette maison n’aurait jamais été un observatoire, bien qu’elle figure sur un plan de 1951 ou sur une carte postale sous cette appellation. Elle porte aussi l’appellation de maison des douaniers sur d’autres plans mais ne semble pas avoir eu cette fonction. 

KER1856 remercie vivement Dominique Hillion pour cet article, très intéressant, qui nous apportera une vision différente de la pointe du Percho, lors de nos promenades sur la côte sauvage de Saint Pierre.

 

12 commentaires

  1. Super article très intéressant, avec toujours un petit mystère résistant sur cette maison que nous aimons tant mais qui chaque année se détériore un peu plus . En voie de disparition ?…Comme l’arche de Port Blanc.
    Merci pour ces infos .
    Bonne journée
    Cordialement

  2. Je trouve dommage que cette construction se dégrade au fil du temps. Sur la Ria d’Etel, les maisons des îlots de Nichtarguer et Nohic ont été rénovées (celle de Nohic grâce à un financement participatif, sauf erreur). J’ose imaginer un tel montage pour rénover celle de la pointe du Percho et qui redonnerait son lustre à cette bâtisse…

  3. Elle se détérioreta encore plus vite avec des bandes d’imbéciles qui montent sur les murs pour se faire prendre en photo. J’ai « engueule » un groupe il y a un an. Mais rien n’y fait… je ne suis pas flic. La prochaine fois, je prends discrètement une photo et je la diffuse sur « les amis qui aiment Quiberon » sans leurs consentements bien sûr.
    Sinon, merci, j’en ai appris beaucoup

  4. Très bel article à travers les âges et les missions de cette pointe du Percho. Je suis également de ceux qui souhaitent la remise en état de cet édifice qui est un point marquant de l’histoire de la commune. Merci à monsieur Hillion et à toute l’équipe de KER 1856.

  5. Bonjour,
    Bravo à ceux qui s’intéressent à la sauvegarde de notre Patrimoine, et quelque soit l’endroit où il se situe, sinon c’est aussi un pan de notre Histoire qui disparaît.
    Et puisqu’il est question de St-Pierre-de-Quiberon, je cherche des infos et si possible des photos sur au moins un locotracteur Berry qui tractait les chariots porte-cibles sur la voie de 60 cm du champ de tir du lieu. Je pense que ça remonte de la Libération jusqu’en 1960.
    Il y a eu aussi un locotracteur Campagne et même un Renault, et je suis également preneur des éléments qui les concerneraient.
    Merci d’avance et cordialement,
    Pierre OMBROUCK

  6. Bonjour et merci pour ce magnifique article et ces très belles photos de cette maison. Il manque une info: quand cette maison a-t-elle été détruite? Il me semble que ma mère, venue à Portivy à partir de 1934, m’avait dit l’avoir connue debout et qu’elle aurait été détruite pendant la poche de Lorient, ou plus exactement que la charpente du toit aurait été détruite pour récupérer le bois. Comme ma mère réside au cimetière de St-Pierre depuis 2020 je ne peux plus le lui demander. Dans ma mémoire le pignon sud était encore debout vers l’an 2000.

  7. J’aimais beaucoup cet endroit car j’étais responsable du temps lorsque j’étais le gardien du champ de tir situé sur la côte sauvage, géré par d’anciens employés de l’ETBS de BOURGES. À l’arrière, il y avait les baraquements de la colonie de vacances de SAUMUR, ainsi qu’une voie de 0,60 m pour le tir sur cible mobile, où j’installais les équipements avec une petite locomotive. Ce site avait l’avantage d’être préservé par le passage des vacanciers, ce qui permettait à certains restaurants de Saint-Pierre de venir récolter des champignons oreille de chardon pour préparer une délicieuse omelette (c’est là où un berger allemand vous apportait l’addition). Une fois, avec Pierre, le gardien de l’IGESA, j’ai démarré le groupe électrogène Junkers de 1942 qui fournissait de l’électricité à la presqu’île pendant la Seconde Guerre mondiale. L’été, la route entre Plouharnel et Quiberon était chaotique, et c’est à ce moment-là que l’on savoure la tranquillité qui suit la saison estivale.

    1. Bonjour M. CAREMELLE. Ainsi, vous confirmez enfin qu’il y avait bien au moins un locotracteur qui tractait les porte-cibles sur cette voie de 60. Pas mal de passionnés de ce type de voie étroite aimeraient en savoir plus sur ce matériel et c’est aussi mon cas, d’où mon appel à vous pour en savoir davantage.
      De plus, je dispose d’une photo qui présente 2 locotracteurs diesel BERRY de 30 ch, dont un est sorti de la voie tandis que des militaires tentent de le redresser pour le remettre sur rails. Au vu du moteur qui les équipe, ces machines sont forcément postérieures à la seconde GM, mais peut-être en avez-vous également le souvenir…
      Quoi qu’il en soit, merci de m’avoir apporté une lueur d’espoir.

      1. Bonjour pierre

        Pendant mon séjour à Saint-Pierre-Quiberon, je réalisais l’entretien du locotracteur à côté du hangar, où se trouve une fosse extérieure destinée à la vidange et au graissage. Une fois cette opération terminée, je rentrais la petite locomotive dans le grand hangar, qui est équipé de deux aiguillages : l’un au niveau de la piste menant à la fosse et au hangar, et l’autre pour la mettre en cible mobile sur son parcours. En effet, par le passé, il y avait deux locomotives, et si vous preniez trop de vitesse dans le virage près du parking de Port Bara, il y avait un risque de déraillement.Les locotracteurs ont été dotés d’un moteur TP3, et je pense qu’il serait utile de consulter le RICM, qui était responsable du champ de tir, ou la 9 DIMA à cette époque.

        Cordialement,

        jean-marie

        1. Bonjour Jean-Marie.
          Merci pour votre réponse rapide. Toutefois, j’aimerais avoir quelques précisions :
          – époque de votre travail sur cette « petite locomotive » ?
          – faisait-elle partie des deux que vous citez ou était-elle seule après leur disparition ?
          – est-ce ce que ce sont bien ces deux là qui ont eu un changement de moteur ?
          – dans l’affirmative, ne s’agissait-il pas plutôt de moteur PT2* de 30 ch, et non de TP3 qui faisait environ 60 ch ?

          * les 2 Berry qui sont sur la photo prise à ce champ de tir sont à moteur Piquand PT2, mais leur configuration
          est celle d’un ancien modèle conçu pour l’Armée alors équipé du moteur CLM CR2 de 24 ch à pistons opposés.

          Si cela vous rappelle des souvenirs, bien à vous. Pierre

          1. Bonjour Pierre,
            J’ai vécu avec ma famille dans la maison adjacente aux bureaux, située à l’entrée du champ de tir, au 10 rue du stade, entre 1991 et 1992. La gestion de cet endroit était assurée par le RICM de Vannes. Par la suite, je suis parti à l’étranger et, à mon retour, jusqu’à ma radiation en 1996. Après le transfert du RICM à Poitiers en 1996, le site a été remis au 3 RIMA de Vannes, et la gestion est alors revenue au fort de Penthièvre. Cependant, j’aimerais, comme vous, savoir ce qu’il est advenu des locotracteurs et s’ils se trouvent peut-être encore dans le grand hangar où se trouvent les voies. Une personne qui aurait pu avoir plus d’informations ou des photos, mais qui, je pense, est décédée, habitait rue du stade, soit au 37 soit au 29, car il avait travaillé durant la gestion par l’ETBS de Bourges. Lorsque je les ai remplacés en 1991, il était déjà à la retraite, mais il est possible que ses enfants résident encore sur la presqu’île et qu’ils possèdent des photos. À vérifier…
            Cordialement,
            Jean-marie

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