Roger Vinet né en 1920 à Quiberon entre en résistance le 1er septembre 1943
Constant Vinet, résistant auquel une plaque de rue de la commune rend hommage, a été arrêté, torturé, et déporté à Dachau où il est mort à trente-neuf ans, le 1er février 1945. ( NDLR : voir notre article « Qui étaient-ils ? ») Mais son frère cadet Roger, résistant lui aussi, a pu laisser de nombreux témoignages sur cet épisode douloureux de leur histoire et de la nôtre.
Roger VINET naît à Saint-Julien le 6 mai 1920. Son père – Constant Julien Marie – veuf et déjà père de cinq enfants – Paulette, Constant, Marcel, René et Jeanne – a épousé en secondes noces la mère de Roger ; elle-même avait déjà un fils, François. C’est donc une grande fratrie qui grandit à Saint-Julien, élevée dans un sentiment patriotique ; les cinq garçons participeront à la Résistance, dont Marcel au maquis de Saint-Marcel, comme Constant qui, après la dispersion du maquis, fut dénoncé, capturé chez lui, et déporté à Dachau.
Roger fait ses études secondaires au Lycée Jules Simon à Vannes, où est organisée, pour quelques volontaires, une option « formation au pilotage » à Meucon. Roger est séduit par l’aviation, obtient son brevet de pilote d’aviation civile 2nd degré et s’engage dans l’Armée de l’Air en novembre 1939. Affecté à Meucon, il l’est ensuite à l’Ecole de pilotage de Marrakech, d’où il sort avec son brevet de pilote militaire, puis il est muté à Fez.
Démobilisé le 26 septembre 1940, il revient à Quiberon, mais ne supporte pas l’occupation allemande et cherche à rejoindre les Forces Aériennes Françaises Libres. Arrêté à Angoulême, il est transféré au Fort du Hâ à Bordeaux, d’où il sera libéré après trois semaines de prison. Après une deuxième tentative infructueuse pour rejoindre Londres, il est contacté par l’adjudant de gendarmerie NICOLAS, en poste à Hennebont après l’avoir été à Quiberon, pour entrer dans le réseau de Résistance appelé Service National Maquis. En effet l’adjudant recrutait tous les jeunes gens qui voulaient entrer dans la Résistance. Il sera arrêté, torturé et fusillé.
Roger Vinet entre officiellement dans la Résistance active le 1er septembre 1943. Son caractère bien trempé, volontaire, courageux et dynamique le désigne pour des missions variées. Il racontera “ J’ai d’abord commencé comme agent de liaison ; ensuite j’ai été agent de liaison principal surtout chargé de la logistique. Je faisais le tour des groupes qui appartenaient à notre mouvement…j’ai été chargé de l’armement des maquis, c’était exaltant…je circulais partout à moto dans le Morbihan.”
Au maquis, il prend l’identité d’André Thérive. Il effectue plusieurs transports d’armes avec le responsable du maquis de Baud, puis avec celui de Ploërmel.
La Gestapo est plus ou moins au courant de ses activités, mais il réussit à éviter l’arrestation. Un jour les Allemands entrent chez lui, mais sa femme se prétend seule, abandonnée avec son enfant par son mari depuis avril 43. Les Allemands ne la croient pas, car ils sont très bien renseignés sur les activités de recruteur de maquisards de Roger, mais ils repartent sans l’arrêter.
Il s’illustre dans plusieurs actions : le sabotage de la voie ferrée Auray-Pontivy en juin 44, le combat de Botsegalo ( NDLR : Botsegalo est situé sur la commune de Grand-Champ) avec le premier bataillon F.F.I. et la réception de parachutages. Mais le 3 juillet 1944 il est arrêté, les armes à la main, à Pluvigner. Il réussit cependant à s’évader avec deux compagnons et rejoint le deuxième bataillon F.F.I., commandé par le lieutenant-colonel Le Garrec.
Pendant les opérations de Libération de la Poche de Lorient, il participe à une mission commando pour ramener, en bateau, dix soldats polonais incorporés dans l’armée allemande et désireux de se rendre ; le commando doit les retrouver en bateau au Lizo ( Lizeau) où ils arrivent vers deux heures du matin, après des péripéties rocambolesques causées par le manque de matériel des fuyards pour faire les signaux convenus. Il récupère les dix Polonais, augmentés de quatre Autrichiens et d’un Allemand, déserteurs, et plutôt bien armés ; le commando les ramène sains et saufs à Carnac, malgré les tirs des Allemands qui avaient découvert la fuite.
Le 26 septembre 1944, Roger Vinet est rappelé dans l’Armée de l’Air, avec le grade de sergent-chef, et affecté à Casablanca. Mais la guerre se termine et il est démobilisé. Il continuera par la suite de servir dans l’Armée de l’Air qu’il quittera en 1946.
Dès lors, il travaille comme métreur dans l’entreprise de bâtiment de son père, puis dans une autre entreprise. En tant que tel, il a participé à la reconstruction du brise-lames de Port-Maria.
Toute sa vie il est resté fidèle à ses camarades de combat et a été présent aux cérémonies patriotiques.
Il a toujours perpétué la mémoire de la Résistance en intervenant dans les établissements scolaires, notamment à l’occasion du Concours de la Résistance. Il a assuré des responsabilités dans les diverses organisations d’anciens résistants et combattants et a toujours été proche de ceux qui avaient comme lui servi la France.
Pour services rendus à la Nation il a reçu de nombreuses décorations, énumérées ici dans l'ordre chronologique :
La Croix de Guerre, remise par Le Général de Gaulle le 27 juillet 1947 à Saint-Marcel, la Médaille Militaire, la Croix de Guerre avec palmes remise en 1953 à Vannes par le Général Guillaudot, la Médaille des Évadés, la Médaille du Combattant Volontaire, la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur remise en janvier 1982 par Monsieur Teyssandier, Président de l’Union Nationale des Associations de Déportés, Internés et Familles de disparus ( U.N.A.D.I.F.)
En conclusion laissons la parole à Roger Vinet dans son message aux jeunes :
« J’aime bien être avec vous parce que vous êtes jeunes, vous êtes l’Espoir ! …Restez indépendants dans la mesure du possible… »