Le 3 août 1939, c’est la déclaration de guerre à l’Allemagne.

La mobilisation générale est déclarée le 1er septembre. Des Saint-Pierrois vont partir les uns au front, les autres dans la Marine. Ceux qui resteront dans la presqu’île suivront, avec angoisse, le déroulement des opérations. Ils trembleront lorsque le 14 mai le front français est enfoncé à Sedan. Ils suivront heure par heure le récit de l’évacuation de Dunkerque et l’entrée des troupes allemandes dans la capitale le 14 juin 1940.
Fuyant les envahisseurs, les habitants du nord de la France sont sur les routes ; certains viendront se réfugier dans la presqu’île. Ils étaient pour la plupart originaires de Saint-Valéry-sur-Somme. Ils sont hébergés dans les écoles, dans des villas réquisitionnées par les institutions. A l’armistice, beaucoup d’entre eux regagneront leur foyer.
Le 22 juin 1940… les voilà… 6h30, une pétaradante colonne motorisée défile sur la route nationale, feldgendarmerie en tête. Certains témoignages nous disent que toute la population n’était pas hostile à l’arrivée de ces « fringants guerriers ».
Vingt-quatre heures auparavant, l’armée française empruntait la même route avec l’espoir de s’embarquer sur les navires de la Royale ancrés dans la rade de Quiberon, dont le célèbre croiseur « De Grasse ». Mais beaucoup arrivèrent trop tard et nombre d’entre eux seront faits prisonniers par les nouveaux arrivants.

Après l’arrivée des premiers éclaireurs, le gros de la troupe teutonne suivit ; lourd canons tractés par des véhicules motorisés, mais aussi longues colonnes à cheval ! Les Allemands installent leur poste de commandement à Quiberon, à l’hôtel « Penthièvre » sur le front de mer. Ils n’avaient pas choisi la place la plus désagréable ; faire la guerre n’empêche pas, surtout si l’on est l’occupant, de s’installer dans un confort plus que certain.

En ce qui concerne notre commune, Saint-Pierre, nos nouveaux « locataires » s’installent non seulement dans les terrains militaires du fort Penthièvre, le champ de tir de Kergroix et la batterie du Rohu, mais aussi dans de nombreuses villas réquisitionnées. Ils feront du village de Penthièvre un quartier résidentiel.


A Kerdavid, la Kommandantur s’installe au « Manoir ». A Keraud, dans la villa « CREPY » s’installe la douane allemande la Grenz Aufsichts Stelle (G.A.S.T.). Ils réquisitionnent, sur le port d’Orange, la maison « SEPTANT », sur le port de Portivy, la villa « MARTINIE ». Et plus tard, pendant la « poche » à l’emplacement de l’Hôtel de la Plage, ils ouvriront un hôpital dont la salle d’opération se situera dans l’angle gauche face à la mer.
La presqu’île s’installe dans « l’Occupation », avec toutes les conséquences de cette tragique situation : couvre-feu, patrouilles, service du travail obligatoire (STO), rationnement, tracasseries à la population… etc.



L’organisation TODT commence la construction des ouvrages du « Mur de l’Atlantique » et réquisitionne du personnel… La plage de Penthièvre est hérissée de pieux afin d’interdire un éventuel débarquement, les falaises sont minées. Des barbelés se dressent sur les routes avec des points de contrôles : « Papiiiirs ! » Les administrations locales seront aux prises avec mille difficultés et devront composer avec les exigences de l’occupant et celles de la population…
3 réponses
Notre villa Mount-Holyoke a été réquisitionnée pour les officiers allemands qui y résidaient : les vitres de la grande salle furent peintes en bleu pour atténuer la lumière à l’extérieur. Sûr les murs de cette pièce les allemands avaient peint la côte sauvage avec des troupes qui défilaient devant Hitler, tout le monde sait qu’Hitler n’est jamais venu sur la presqu’île. A la fin de la guerre les arrières-grands-tantes détruisirent ces fresques, enlevèrent la peinture bleue des vitres, récupèrent l’argenterie qui avaient été cachée dans la terre du poulailler et retirèrent de la cuve à cidre les bouteilles de vin qui avaient été dissimulées : pendant des années nous avons bu du vin sans connaître l’origine et le millésime car l’humidité de la cave à cidre avait attaqué les étiquettes. Je me souviens dans ma jeunesse que des allemands venaient frapper au portail de la maison pour nous dire qu’ils y avaient été logés
Merci pour ce bel article vraiment très intéressant.
La maison réquisitionnée à Portivy ne serait-elle pas plutôt la maison Porcher qui est mitoyenne (maintenant Henrot) qui elle a été occupée ?
De mémoire, la famille Martinie n’a pas quitté sa maison pendant la guerre. Monsieur Martinie y vivait avec son épouse , ses 3 enfants( Aliette, Pierre et Philippe) et Mimi Alliot. En raison des bombardements, monsieur Martinie y avait même un temps déplacé ses bureaux, c’est ce que m’avait dit Jacqueline Crabot (Henrio) qui y était employée comme secrétaire.
Je demanderai confirmation à Evelyne Duran quand je la rencontrerai.
Deux autres maisons au Foso avaient elles aussi été réquisitionnées.
Toujours à propos de l’occupation par les Allemands de la maison Martinie de mon premier message
J’ai quelques précisions par Evelyne Duran.
Il s’agit en fait de deux maisons, ker Saint pierre, et ker saint Charles. Les Martinie habitaient toute la maison de gauche ( celle d’Elodie), les bureaux de monsieur Martinie se trouvaient à l’étage dans la maison de droite, les Allemands occupaient uniquement la pièce du bas, mais occupaient toute la maison voisine (maison Porcher-Henrot).
Bonne soirée