La Pension LE BLEVEC, Ker Marcelle et Ker Bieuzy

Extrait de l'article

Peu de personnes connaissent de nos jours l’histoire de ce bâtiment, promis à la destruction. Il était temps de rendre hommage à ses constructeurs,

Participants à la rédaction de cet article

Entretien avec Jean LE BLEVEC réalisé par Gaël LE BOURGES,
Transcription par Jean-Louis GUEHO
Rédaction par Françoise PICHON

Copie des images et textes interdits sans l'autorisation de KER1856

Monsieur Jean LE BLEVEC me reçoit dans sa petite maison du Kerdavid, maison de village typique, aux murs de granit épais. Je suis reçu dans la cuisine où Jean LE BLEVEC m’a préparé des photos de famille anciennes afin d’illustrer notre article sur la « Maison LE BLEVEC ».

Roger, le père de Jean Le Blevec était boulanger à Bieuzy (56)

Je suis né à Bieuzy en 1937, mon père était de Bieuzy et ma mère de Plumelin.

Mon père était boulanger à Bieuzy et ma mère Jeanne était ambulancière, la seule à l’époque au service des tuberculeux du Morbihan, elle dépendait de la Préfecture de Vannes, elle a continué son métier pendant la guerre, jusqu’au jour où elle a eu un grave accident, un camion lui est rentré dedans ; elle a dû abandonner son métier d’ambulancière et elle est venue à Saint Pierre parce qu’un médecin lui a conseillé l’air de la mer.

Jeanne Le Blevec née Tretollec

Mon père : Roger, Marie Le BLÉVEC né le 5 mars 1898 à Bieuzy – décédé en 1975 à SPQ –fils de Guigné, Marie & de Marie, Josèphe Le NORCY : 5 frères et sœurs.

Marié avec Jeanne TRETOLLEC décédée en1979 à SPQ 

Jean Le Blevec enfant, à Bieuzy devant le tas de bois de la boulangerie

Mes parents tenaient la boulangerie et une épicerie, ils avaient une bonne qui s’occupait de nous, les enfants, et de l’épicerie. Nous étions deux enfants, ma sœur Marcelle et moi.

Votre grand- père, Joseph Le BOURGES, je l’ai connu à Bieuzy pendant la guerre, quand il était gendarme, il montait la côte avec son vélo pour venir chez nous, avec son copain LE GUENNEC, un grand balèze comme lui, qui a été garde-champêtre à Saint Pierre, mon père leur payait un coup de cidre. Un jour il est venu avec LE GUENNEC prévenir mon père qu’il était recherché par les allemands parce qu’il faisait du pain pour le maquis, il alimentait le maquis du coin en pain.

Du coup il est allé se cacher à Saint Gildas dans la presqu’île de Rhuys, donc il n’a pas été inquiété ; s’il était resté à Bieuzy ils l’auraient tué. J’avais un frère, Rémy, qui était dans le maquis, il a été à Saint Marcel, il a été blessé sur le Front de Lorient il a continué dans l’armée après.
(ndlr : Joseph LE BOURGES sauva d’une mort certaine le père de M. LE BLEVEC, il n’eut lui-même pas cette chance, résistant du maquis de St Marcel, arrêté par les allemands, torturé et fusillé en Juillet 1944 à Berné). 

La pension Le Blevec à Saint-Pierre Quiberon

Mes parents sont arrivés à Saint Pierre en 1949, pour la santé de ma mère.
Ils avaient acheté une maison avec une terrasse, qui appartenait avant à MICHINAU, ils avaient vendu ce qu’ils avaient à Bieuzy pour l’agrandir et la rehausser . Ils voulaient faire une pension de famille. Ma mère a fait tous les parpaings pour la construction, elle en a fait des milliers, par deux avec un moule, avec du sable de la côte. Elle en a fait tellement que le reste a servi à monter l’usine LE COUVIOUR à Pluvigner. Elle a même fabriqué une balançoire pour les enfants, en béton, en se servant d’un moule qu’elle a fabriqué. Dans la famille on la surnommait « Miss Parpaings ».

Ma mère Jeanne surnommée "Miss parpaings"

Mes parents ont ouvert la pension vers 1950 ou 1952. C’était « Ker Marcelle » pour la maison principale et « Ker Bieuzy » celle de derrière. En fait c’étaient des meublés que les gens louaient pour les vacances. Il y avait quatre appartements au rez-de-chaussée, trois au 1° étage, quatre au 2° étage et quatre au 3°. Il y en avaient aussi dans la petite maison . Ils louaient de Juin à Septembre, surtout à des gens de la SNCF, qui pouvaient venir par le train, ils avaient mis des annonces dans « la Vie du Rail » .

( Le magazine des agents de la SNCF depuis 1937, il existe encore sous format papier et en site internet).

Les appartements étaient simples mais équipés avec une cuisine, les gens revenaient d’une année sur l’autre, ils restaient un mois, certains même deux mois, les prix étaient raisonnables.

Ker Marcelle

Il y avait deux puits avec une pompe pour alimenter les étages, l’eau était analysée tous les ans.

Parmi les locataires, il y a eu un acteur de cinéma Pim BECK qui avait joué dans « Le Blé en Herbe , sa mère était américaine, son père était ingénieur à la SNCF.
( Pierre Michel Beck, Film de Claude Autant-Lara de 1954 d’après le roman de Colette)

La fête à Ker Marcelle

Ma mère organisait une fête pour les enfants (en Juillet et en Août), elle offrait la boisson pour les enfants et les parents et chacun apportait quelque chose à manger ; il y avait un électrophone et tout le monde dansait, ils faisaient une ronde jusque dans la rue, il y avait des guirlandes et même un feu d’artifice.

Moi je venais aux vacances, je faisais de la plongée à Téviec pour pêcher de la vieille et du bar, au Guernic aussi où était le monument américain qu’ils ont déplacé , à la pension je réparais les pompes des puits, je changeais les bonbonnes de gaz dans les locations.
Ma sœur vivait avec mes parents et les aidait, après sur le tard elle s’est mariée

Mes parents habitaient derrière dans une ancienne écurie qu’ils avaient agrandie.

L’hiver quand ils ne s’occupaient pas des locations, ma mère faisait de la broderie, qu’elle exposait au Centre Culturel et mon père s’occupait du jardin, il avait des choux, des pommes de terre, on allait chercher la semence au café « des 4 KM » chez Armande LE BOURGES, il avait des poules, des pigeons, des lapins, beaucoup de lapins.

Roger LE BLEVEC
Marcelle LE BLEVEC (la sœur de Jean) et la maison des chiens

L’activité de location a cessé à la mort de ma mère, mon père était déjà décédé, après on a vendu, c’est la mairie qui avait acheté, un temps elle y a mis les gendarmes, ils vont y faire des logements sociaux ou démolir.

Situé en face de la gare de St Pierre
Le batiment Le Blevec actuellement

Maintenant je vis ici à Kerdavid dans la maison de mes beaux-parents, les GATINEAU, mon beau-père allait à la pêche avec Pierre LE ROUX, ils ramendaient les filets ensemble. »

Jean Le Blevec vit à Kerdavid

Les locations meublées du Blevec ont réjoui de nombreux vacanciers, peu de personnes connaissent de nos jours l’histoire de ce bâtiment, promis à la destruction pour laisser place à un nouveau projet immobilier, qui reste à définir. Il était temps de rendre hommage à ce bâtiment et à ses constructeurs, avant que cette page de l’histoire de Saint- Pierre ne se tourne.

KER1856 remercie vivement Mme Isabelle LE BLEVEC, qui a rendu possible cet entretien.

3 Responses

  1. Encore un immeuble face à la gare où je suis passé tous les jours de l’année scolaire et personne ne m’a jamais expliqué le pourquoi de cette construction
    Maintenant, je sais.Merci KER1856

  2. Je suis contente de connaître l ‘histoire de cette belle maison, habitant kergroix, je passais tous les jours devant pour aller à l’école, elle avait un magnifique rosier côté rue, je pouvais pas m ’empêcher de cueillir une rose en bouton pour l’offrir à ma mère.

  3. Super, j’ai connu le premier étage quand mon père louait, il y’a plus de dix ans, je me souviens d’une grande salle de bain… merci.

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