Une vie à Saint-Pierre Quiberon, Stéphane Le Rol, enfant du Pays

Extrait de l'article

Stéphane Le Rol, Saint Pierrois, retrace avec pudeur sa vie ainsi que la vie de ses aïeuls.

Participants à la rédaction de cet article

Gaël Le Bourgès, Davine Maugey et Armelle Bernier

Copie des images et textes interdits sans l'autorisation de KER1856

Une famille de Saint-Pierre Quiberon depuis presque 200 ans!

Stéphane partage avec nous sa connaissance de sa famille. Aujourd’hui, Stéphane représente la sixième génération. Toutes ces personnes ont habité Saint Pierre. Il nous a confié ses souvenirs, de Saint Pierre depuis son enfance. Il décrit les personnalités attachantes de sa famille, des métiers aujourd’hui disparus, des lieux transformés, voire rayés du village comme le lavoir du Praner. Il a partagé ses photos également.

Stéphane, quelle est ta place dans la commune ?

Très ancienne ! Au cimetière de Saint Pierre on trouve mes ancêtres, arrivés il y a plusieurs générations. Il y a sept tombes pour mes ancêtres. Chacun son caveau !

Pour le côté maternel de ma famille :

Marie, Rosalie RICHARD, (1837-1913) est la première personne de ma famille du côté maternel, que j’ai identifiée à Saint Pierre. Elle s’est mariée avec Aimé, Jean-François RIO en 1860.

On disait dans la famille, que cet homme venait d’Espagne[1], son bateau se serait échoué sur la côte et il est resté vivre sur “l’île” de Quiberon. Le couple aura huit enfants dont :

Marie-Françoise, “Baptistine” RIO qui est née au village de Kerdavid en 1876 et est décédée à Auray en 1969. C’était la  grand-mère de ma grand-mère.

Son premier prénom était Marie-Françoise. Elle était la jumelle de Joseph, Baptiste. Tout le monde l’appelait “Baptistine”.

Baptistine s’est mariée en 1895 avec Laurent DUIC, un homme de Gâvres. Ils habitaient dans une partie de la maison que les KERVADEC occupent aujourd’hui, (le magasin « 8 à huit »). A l’époque il y avait deux maisons mitoyennes, ils habitaient la partie actuelle dédiée aux fruits et légumes.

Baptistine et Laurent ont eu cinq enfants, dont l’aînée est une fille, Marie Laurence DUIC.

[1] NDLR : sans doute une légende « urbaine » dans la presqu’ile.

Baptistine Duic

Marie-Laurence DUIC (1897-1975) je l’ai bien connue car je suis né en 1964. Elle s’est mariée en 1918 avec Joseph BESSOUD (1881-1958), qui venait de Grenoble, en Isère. Ce sont mes arrière-grands-parents.

Mon arrière-grand-père, Joseph, Émile BESSOUD était puisatier. Il construisait des puits. A cette époque il y avait de l’eau partout sur la presqu’île. Il construisait des puits ronds. Les puits en forme de pyramide, on n’en faisait plus à son époque. On reconnaît ses puits car il y a les lettres JB gravées dessus pour : Joseph BESSOUD.

Il est arrivé en 1917 à 36 ans à Saint Pierre pendant la guerre de 14/18. Il avait été blessé à Verdun, au Chemin des Dames et soigné au Manoir de Kerdavid. C’est là qu’il a rencontré mon arrière-grand-mère qui soignait les blessés.

Marie Laurence et Joseph ont eu des enfants jeunes, deux filles : Élise (1920) et France (1937).

Joseph était aussi « videur de boîte  de nuit » à Saint Pierre Quiberon à « Roz Avel », chez “Pouêt-Pouêt”[2], (en face du Centre Culturel).

[2] Ferdinand, Jean-Marie LESCOUET

Joseph Bessoud au manoir du Kerdavid vers 1917

Mes grands-parents :

Elise BESSOUD (1920-1983), ma grand-mère, c’est pour moi Mémé “BERNERY”. Elise s’est mariée avec Jean, Célestin BERNERY (1921-1981) qui vient de Kerniscop, sur la commune de Quiberon.

“Pépé” BERNERY a travaillé pendant 17 ans dans la Marine Nationale. Il a fait la 2ème guerre mondiale et l’Indochine  pendant sept ans. Il nous racontait qu’un jour il avait été sauvé à Dien Bien Phu, par un soldat français d’origine algérienne !

Ils ont habité d’abord à Kerboulevin, puis au bourg à Saint Pierre. Ils avaient acheté la maison de mon arrière-arrière-grand-mère Mémé Baptistine qui faisait l’angle avec la maison des KERVADEC, 201 rue du Général de Gaulle.

Petit j’allais souvent chez Mémé Elise. Ils étaient gentils avec moi, j’étais gâté, j’étais le préféré.

“Mémé” BERNERY tenait les finances, elle tricotait des chaussettes, des pulls, avec la laine « Bergère de France » !

Elle jouait au tiercé une fois par semaine et recevait le curé à la maison. Elle lisait énormément, faisait des mots fléchés.

C’était une bonne vivante Mémé BERNERY, indépendante, elle  allait boire un coup toute seule au café « Les Pyrénées », [aujourd’hui l’hôtel de Bretagne].  C’était la famille MADEC qui tenait ce café et avant eux les THOMAS, et encore avant c’était chez Tante Rose JÉGAT, la tante d’Isabelle JÉGAT.

Hôtel Restaurant des Pyrenées

Pour le côté paternel de ma famille :

Mes grands-parents :

François Le ROL, né à Plougoumelen en 1910, d’une famille de sept garçons et une fille !

Il s’est marié avec Henriette Le LUDEC, née à Ploeren en 1914, d’une famille de sept filles et un garçon !

A Mériadec, mon grand-père travaillait pour le Comte de Mériadec. Ils vivaient dans une ferme c’était une dépendance du château, chaque année il devait payer au Comte 30% de la récolte. Ils étaient très pauvres. Ils ont eu quatre enfants. Je détestais y aller. La dernière fois que j’y suis allé c’était en 1973. Après le divorce de mes parents je n’y suis plus jamais retourné.

 

Mes parents :

Mon père, François Le ROL, né à Plougoumelen en 1936 était charcutier chez PILLET à Saint Pierre.

Ma mère, Gabrielle BERNERY avait seize ans lorsqu’elle s’est mariée en 1961. Ils ont divorcé en 1973. De cette union trois enfants sont nés.

  • Jean Claude en 1962 mon frère était le premier garçon
  • Marie Françoise en 1963
  • Et moi, Stéphane en 1964. Je me suis marié à Saint Pierre en 1993.

Nous avons eu deux enfants, Élise née en 1994 et décédée en 2007 et Jean-Charles né en 1999.

Lorsque ma mère est venue habiter le bourg de Saint Pierre, c’était en 1970. On habitait sur le port (là où il y a « chez NONO) ». L’usine de sardines fonctionnait encore. Elle a été abattue en 1973.

Mon père était charcutier, ma mère travaillait dans les commerces. On n’a jamais vécu tous ensemble, nos parents étaient toujours à travailler. On ne fêtait pas les anniversaires.

Tous les hommes venaient d’ailleurs, en dehors de la presqu’île. C’est pour cela qu’on a eu un « bon sang » c’est ce qu’on disait chez nous.

Et Comment se passaient les vacances pendant ton enfance ?

Petits, on allait chez nos grands-parents maternels, Élise et Jean BERNERY, à Kerboulevin.

Et ensuite en 1970 à Saint Pierre, lorsque ma grand-mère a vendu sa maison de Kerboulevin pour s’installer dans le bourg, ici il y avait l’eau courante, la machine à laver, le confort.

Entre Saint Pierre et Mériadec, chez mes grands-parents paternels, c’était le jour et la nuit. A Mériadec, c’était le sol en terre battue, pas d’eau, pas d’électricité, les toilettes au fond du jardin. Je détestais y aller. J’avais des cousins mais ils étaient bien plus petits que moi.

Je n’ai vu ces grands-parents que jusqu’à l’âge de 7 ans.

Quels souvenirs de l’école ?

Laurent et Baptistine Duic - Elise Bessoud

Je suis allé à l’école de Keraud à Saint Pierre puis au collège Sainte Anne à Quiberon.

Je n’ai pas de très bons souvenirs de l’école car j’étais à « l’école des curés » et être enfant de divorcés, ce n’était pas très bien vu à l’époque. C’était alors des classes où les CM1 et CM2, puis CE1 et CE2 étaient ensemble.

Puis après, je suis allé au collège privé à Quiberon. Il y avait des enseignants pas faciles. Je n’ai pas également de bons souvenirs de mes années de collège.

Et le métier ?

Ma mère voulait que je sois charcutier comme mon père, mais comme je le connaissais très peu, je n’avais pas envie de faire ce métier.

J’aurais bien voulu continuer mes études, mais ce n’était pas possible. Il n’y avait pas assez d’argent. Il fallait que je gagne ma vie. Donc suis parti me former en boulangerie. Je suis allé apprendre avec les « Apprentis d’Auteuil » pour une formation de trois ans à Langonnet, à la frontière avec le Finistère. Nous ne rentrions pas tous les week-ends ! Ce n’était pas tout près (100 kms) !

Depuis l’âge de 14 ans, j’ai travaillé. Ici on avait intérêt de bosser ! Je travaillais de nuit, toutes les nuits, on commençait à 8 heures du soir et on terminait à 11 heures le lendemain. Aujourd’hui on ne travaille plus de nuit comme ça !

Et à Kerhostin, il y avait une autre boulangerie c’était chez MAREC. Ensuite j’ai travaillé chez LUCAS à Saint Pierre, là où il y a la boulangerie BOBLIQUE maintenant. Le fournil était en face.

J’ai bossé chez LUCAS, mais pas longtemps. J’ai attrapé la galle de la farine (allergie à la farine), et j’ai dû changer de métier.

Tous les étés je travaillais à Portivy, « Chez Lili, au café-restaurant du Port Blanc », aujourd’hui c’est le « Bateau Ivre » ! Il y avait du monde. J’ai commencé là en 1983. Je voulais d’abord être aux cuisines mais comme il n’y avait pas de place, j’ai été serveur. Et j’ai travaillé ensuite toujours comme serveur.

A 17 ans je suis parti à Paris. Je suis arrivé à Montparnasse. J’ai traversé la rue et j’ai pris une chambre à l’hôtel de Nantes. J’ai tout de suite travaillé comme serveur. On allait se renseigner à la bourse du travail et on en avait comme on voulait.

 

Ouvrières de "La Bonne Bretonne"

Ensuite je faisais les saisons et j’ai toujours trouvé du travail à Paris, à Nice, à Cannes. J’allais l’hiver à Paris et l’été sur la presqu’île. Par le bouche à oreille je trouvais toujours un travail. Je ne voulais pas aller à la montagne, je n’aimais pas la neige. 

Que faisais-tu pendant tes loisirs ?

On n’en avait pas tant que ça ! On allait au bal et ensuite en boîte.

Le « Roz Avel » c’était un bal, chez Lescoët, le père de Corinne, Mme Richard, (situé au rond-point du Centre Culturel).

On n’avait pas le temps de sortir tous les soirs, le samedi on allait en disco à Plouharnel. Il y avait le bar, mais quand on travaille dans les bars toute la journée…

Bon, on sortait, mais il y avait intérêt à être à l’heure le lendemain !

Le "Roz-Avel" - se situait en face du Centre Culturel

Quels travaux ont modifié la commune ?

Autrefois il y avait le lavoir du Praner ! qui a été comblé, c’est devenu le parking derrière l’ancienne Poste. C’est M. RIichard, l’ancien maire (qui était aussi pharmacien) qui l’a fait détruire

Lors de la construction de la jetée de Port d’Orange des arches avaient été aménagées, elles ont été ensuite bouchées, ce qui a provoqué l’ensablement du port et de la plage. On avait peur que les arches s’écroulent. Mais la construction de la digue a changé les courants et ensablé la plage. Lors de la construction de la promenade et du poste de secours il y avait 9 marches pour descendre sur la plage. La digue du Port d’Orange a été reprise et transformée en quai.

lavoir du praner

« Avant Saint Pierre était plus vivant, c’est devenu impersonnel »

5 Responses

  1. Marie, Rosalie RICHARD, (1837-1913) dont j’ai une photo, est la fille de Marie Vincente (1815-1900), elle même fille de :
    Antoine RICHARD (1768-1835) cabaretier à St Pierre, époux de Marie Sainte EZANNO (1776-1861)
    Marie Sainte est la sœur de Marie Françoise (1774-1853) épouse LE BIDOLEC, elle même aïeule directe de mon épouse Roselyne (nièce d’Alice du café du port à Portivy)
    Des ancêtres de cette famille sur la presqu’ile, j’en ai jusqu’en 1619 !

  2. Merci beaucoup pour ton témoignage très instructif Stéphane… merci egalement à l association Ker 1856 pour ce partage…

  3. J’ai toujours aimé lire ce que nous offre KER 1856. Ce récit, même décousu est une pépite. La Commune de Saint-Pierre ne doit pas oublié ses racines, ce travail est important pour celui qui veut aimer cette terre chérie de tous. Merci à KER 1856, sans elle, beaucoup de souvenirs non écrits sont voués à disparaître.
    JP LE DUVEHAT

  4. Bonjour , petite précision , si stéphane est né en 64 ,il a pas dû connaitre roz avel du temps de Lescouet .C’est à peu près la période à laquelle mes grands parents (Pierre et lisette le Meur) on repris l’affaire jusqu’en 75 .Ils y avaient de sacrés videurs :George Stoquert père, Claude le Pennec ….Affaire qui a ensuite été reprise par un “dominique” de Camaret-sur-mer mais il a changé le style avec de gros travaux de réaménagement, plus classe et moins apprécié des locaux. Ça n’a donc pas duré longtemps .Les repreneurs se sont succédés pour finir par une ouverture juste saisonnière par le propriétaire de radio transat et fut rebaptisé “le transat club” .La dernière saison fut autour des années 90 .

  5. C’est Corinne Richard Lescoet. Bien l’article et évidemment intéressant. Ça fait toujours un peu drôle de repartir dans le passé .merci Stéphane.Un seul bémol , Lescoet c’est sans le U avec un tréma sur le e , on y tient !

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